Impact de la canicule

sun_burstUn article est sorti dans le BEH du 16 juillet 2013. Il s’intéresse à l’impact des vagues de chaleur sur les recours aux soins en réalisant une revue de la littérature (consulter l’article).

 

Les auteurs (Mathilde Pascal, Olivier Retel, Karine Laaidi, Aymeric Ung, Vérène Wagner) se sont penchés sur les articles publiés jusqu’en janvier 2013 sur l’impact de canicules ou de températures élevées avec des indicateurs de recours aux soins.

 

Il ont retenus 39 articles, dont deux concernant la France. Vingt-quatre présentaient des analyses en séries temporelles de l’impact de la température sur les passages aux urgences et les hospitalisations. La plupart des études mettent en évidence un impact beaucoup plus important sur la mortalité que sur la morbidité, en particulier lorsqu’on s’intéresse à des indicateurs globaux. Les recours aux soins pour hyperthermie sont ceux qui augmentent le plus nettement. La température a un impact plus modéré sur les passages aux urgences ou les hospitalisations pour pathologies rénales ou respiratoires.

 

Attention à l’âge :
L’absence de variations sur les indicateurs de morbidité globaux peut masquer des variations sur des indicateurs plus spécifiques. Les structures d’âge peuvent être très différentes selon les indicateurs ; par exemple, en Californie, pendant la vague de chaleur de 2006, les plus de 65 ans représentaient plus de 52% des hospitalisations, mais seulement 15% des passages aux urgences.

 

Pathologies rénales :
Les recours aux soins pour pathologies rénales sont parmi ceux augmentant le plus en Australie et aux États-Unis : 10% d’augmentation des hospitalisations pour pathologies rénales et 15% d’augmentation des passages aux urgences pour insuffisance rénale aiguë pendant les canicules en Australie. En France, pendant la vague de chaleur de 2006, on a observé une augmentation de 15% des passages aux urgences pour coliques néphrétiques et de 27% pour insuffisance rénale, mais sur des effectifs faibles, de moins d’une cinquantaine de cas par jour.

 

Pathologies respiratoires :
Un impact fort est également souvent retrouvé pour les pathologies respiratoires. En Angleterre, les températures très élevées sont associées à une augmentation d’environ 10% des admissions en urgences pour causes respiratoires chez les 75 ans et plus, de 27% en Espagne 39 et de 4% à New York 28 ou à Shanghai. Il faut noter que dans l’étude multicentrique européenne, une augmentation des hospitalisations pour causes respiratoires chez les personnes les plus âgées était retrouvée dans une majorité des villes, avec un méta-risque de l’ordre de 4%.

 

Pathologies cardiovasculaires :
L’impact de la chaleur sur les indicateurs de passages aux urgences ou d’hospitalisation pour causes cardiovasculaires est variable et discutée.

 

Peu d’études décrivent l’impact des canicules sur les indicateurs de recours aux soins. Les articles datent majoritairement des dix dernières années, traduisant le regain d’intérêt pour les études sur les effets de la chaleur après 2003, couplé au développement d’outils informatiques pour la surveillance et au développement des méthodes d’analyse des séries temporelles.

Sans compter qu’avec le dérèglement climatique, il y a fort à parier que ce genre d’étude vont devenir de plus en plus monnaie courante.

 

Source :

Pascal M, Retel O, Laaidi K, Ung A, Wagner V. Impact des vagues de chaleur sur les recours aux soins : une revue de la littérature. Bull Epidémiol Hebd. 2013;(28-29):341-7.