La Haute Autorité de Santé a mis en ligne en février son évaluation technologique du diagnostic biologique direct précoce de la dengue par détection génomique du virus avec RT-PCR.
Cette évaluation réalisé en janvier, a été demandé par la Direction Générale de la Santé, afin d’évaluer l’intérêt diagnostique et économique du test RT-PCR (reverse transcriptase – polymerase chain reaction), en vue d’améliorer le diagnostic direct précoce de la dengue.
Petit focus sur la dengue :
La dengue est une arbovirose transmise par des moustiques diurnes du genre Aedes essentiellement Aedes aegypti et Aedes albopictus. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’il y aurait 50 millions de cas de dengue dans le monde chaque année. Depuis plusieurs décennies, la dengue est en progression constante dans le monde.
Avant 1970, seuls neuf pays avaient connu des épidémies de dengue sévère. Le test de RT-PCR est un des tests qui permettraient le diagnostic direct dès la phase précoce de la maladie.
La dengue est une maladie systémique qui comprend une grande variété de formes cliniques souvent pauci-symptomatiques ou asymptomatiques. Après une incubation de 3 à 10 jours, la maladie débute brutalement et évolue en trois phases : fébrile, critique et de guérison. La plupart des sujets infectés guérissent spontanément. Dans certains cas, l’infection peut évoluer après 2 à 7 jours vers une forme grave engageant le pronostic vital.
Le virus de la dengue appartient au genre Flavivirus de la famille des Flaviviridae. Il existe quatre sérotypes du virus de la dengue : DEN-1, DEN-2, DEN-3 et DEN-4.
L’immunité contre un sérotype donné est définitive avec une réponse anticorps neutralisante. L’infection due à un sérotype n’offre qu’une protection immunitaire croisée transitoire contre les autres sérotypes. Il faut donc noter qu’il s’agit d’une maladie offrant une immunité, mais qu’un patient peut faire jusqu’à 4 dengues différentes.
En France, la circulation autochtone de la dengue est estimée forte dans les départements français d’Amérique, faible à modérée dans l’Océan Indien, la Réunion et Mayotte, et faible à inexistante en France métropolitaine. Toutefois, le moustique vecteur
Aedes albopictus s’est implanté durablement dans le sud-est de la France métropolitaine depuis 2004.
La prévention de la dengue est difficile et repose
sur plusieurs axes :
- surveillance constante des foyers d’endémie et suivi des épidémies
- lutte antivectorielle avec contrôle des populations de vecteurs domestiques responsables de la transmission à l’homme
- sécurisation des produits de santé d’origine humaine
L’évaluation technologique :
D’après les recommandations et les études originales identifiées et analysées, la sensibilité et la spécificité de la RT-PCR (toutes techniques confondues) seraient respectivement de 89,5 à 99 % et de 100 % par rapport aux tests de référence.
La HAS annonce que la RT-PCR conventionnelle reste la méthode la plus efficace pour le diagnostic précoce de la dengue dans les laboratoires spécialisés à condition que la procédure incluant les étapes pré-analytiques soit rigoureusement respectée (sensibilité et spécificité respectivement de 89,5 à 99 % et de 100 %).
Conclusions de la HAS :
En l’absence de données suffisantes et compte-tenu des délais de l’évaluation, une évaluation économique n’a pas pu être réalisée. Les conclusions ne reposent donc pas sur une analyse de l’efficience du test. Les enjeux économiques du remboursement du test sont partiellement documentés dans le rapport d’évaluation.
La suspicion de dengue se rencontre habituellement dans deux situations cliniques :
- symptomatologie évocatrice chez un patient revenant d’une zone touchée par la dengue
- symptomatologie évocatrice chez un patient se trouvant dans une des zones d’activité du vecteur pendant la période d’activité du vecteur telles que définies chaque année dans le plan national anti-dissémination
Quelle que soit la situation épidémique, la RT-PCR est le test de première intention jusqu’au 7ème jour après l’apparition des signes cliniques. La sérologie (IgM / IgG) n’est réalisable qu’à partir du 5ème jour après l’apparition des signes cliniques.
Actuellement l’offre de réalisation au sein des laboratoires de biologies médicales n’est pas suffisante pour faire face à une situation épidémique. Espérons que la prise en compte des aspects économiques permettent de pallier rapidement à ce manque. Si les pouvoirs publiques semblent s’intéresser au problème, il n’y a que trop peu de communication grand publique pour médiatiser les risques. Car le moustique tigre progresse très nettement en France Métropolitaine et il faudra faire face dans les années à venir à une généralisation des cas de dengue et de chikungunya.
Sources :
Site internet santé.gouv
Rapport de la HAS texte court et rapport d’évaluation