Les enjeux de la médecine générale mais aussi et surtout de l’accès aux soins sont-ils en train évoluer ? On peut réellement se poser la question…
Si la constatation de l’existence des déserts médicaux est connue depuis longtemps, le constat est bien la seule chose sur laquelle tout le monde s’accorde : pouvoirs publics, professionnels, mutuelles, et patients.
En ce qui concerne les causes et à fortiori les solutions envisageables, c’est une tout autre musique !
Le sujet devient vraiment médiatique… Si certains blogueurs spécialisés ont fait des propositions il y a quelques mois (sous le terme de #privédedésert), et certains syndicats ou autres étudiants et internes y vont de petites phrases pour alimenter le sujet, c’est maintenant au tour des grandes émissions télé de « vulgariser » et diffuser le problème, le constat implacable des déserts médicaux, mais aussi de présenter des propositions plus ou moins décalées de la réalité. Si l’émission phare de M6, Zone Interdite, a été entièrement consacrée dimanche 2 décembre au sujet, il y a également eu un sujet dans le journal télé de France2 le lundi 3 décembre, accompagné de nombreux quotidiens.
Mais alors, que faut-il retenir de tout ça ?
Premièrement, le souci initial de désert médicaux s’élargit à juste titre pour devenir un problème d’accès aux soins. Sauf que dans ce dernier cas, les mutuelles souhaitent jouer un rôle de régulateur, ce que les professions médicales refusent catégoriquement (de crainte de voir la santé être privatisée). Ce qui a donner lieu à des échanges plutôt musclés, avec les grèves d’internes de chirurgiens…
La santé et l’accès aux soins sont également rattacher aux problèmes de dépassements d’honoraires, puis d’activité libérale hospitalière… Bref, un amalgame particulièrement bancal, même si tous ces problèmes existent, sont effectivement plus que problématique, il paraît assez incohérent de les évoquer à tout va, surtout en cas d’explications au grand public.
Marisol Touraine a proposé une nouvelle mesure, dévoilée au grand public dans M6 : garantir un revenu minimum aux jeunes médecins généralistes qui s’installent dans les zones difficiles : 55000€ minimum. Si le professionnel n’atteint pas ce revenu annuel, l’état lui complétera jusqu’à ce plafond…. Et ce, pendant 2 ans. Cette mesure est à priori relativement bien accueillie par les professionnels. Mais il y a fort à parier que si elle apporte beaucoup de sérénité pour les jeunes qui accéléreront leur installation, elle ne créera pas de vocation. Or s’il y a bien un message à tenir de l’émission Zone Interdite, c’est que pour s’installer dans ces zones désertées de tous, il faut en avoir l’intime vocation.
Le problème est là… Les médecins ne souhaitent pas revenir s’installer en zone désertifiée, tout comme les autres populations jeunes actives ne souhaitent pas s’isoler sauf à en ressentir le besoin vital de profiter de ces conditions de vie particulières.
Alors faut-il forcer les jeunes médecins à repeupler les zones désertes, alors que la grande majorité des autres jeunes professions ne le souhaite pas non plus ? Mais au nom de quoi ? De la spécificité de la profession ? Peut être, mais sous quelle forme ? Une obligation ? Une incitation ? Quels sont les pour et les contre… Et qui aura le courage politique de s’attaquer aux réelles causes de ce problème, beaucoup plus global que le sacrosaint « accès aux soins » ?
Bref, il est certain que toutes les mesures actuelles si elles réussissent à ralentir le problème ne s’attaquent pas aux causes en profondeur… L’avenir nous le dira, mais on risque d’en entendre parler encore longtemps.